Feuilles de route 2, avril 2022 (suite)

En Quête de possibles, état des (mi)lieux et des liens, moment 2

 

Milieux Villeruptois

Les deux adultes, mère et grand-mère qui accompagnent les jeunes ados, se reconnaissent bien vite, toutes deux habitent Villerupt et fréquentent le même comité des parents d’élèves du collège de Villerupt. Celle qui se présente comme la grand-mère des deux garçons à plusieurs raisons d’être là. Ces petits enfants sont inscrits à l’école de musique ; l’un joue de la guitare, l’autre de la batterie. Elle est là avec ses petits-fils parce que l’Arche est « un peu son bébé ». Elue de nombreuses années maire d’une petite ville qui jouxte Villerupt, et membre élue à la Communauté de Communes du Haut Pays Val d’Alzette elle dit s’être beaucoup battue pour que la ville et la CCPHVA puisse avoir un équipement culturel digne de ce nom dans ce territoire délaissé par les activités industrielles. Son choix pour se tourner vers l’avenir est celui de la culture : « Eux (le Luxembourg) ont fait le choix de la banque, nous de la culture… ». « On a fait ça pour nos petits-enfants ; ça n’a pas été facile, les oppositions ont été nombreuses face à ce choix qui apparaît luxueux pour un équipement culturel, on y est enfin arrivé. L’ouverture a été plusieurs fois reportée, des travaux supplémentaires, puis le covid…Ici, pour aller au cinéma il fait aller à Longwy, avec l’Arche on a deux salles bien équipées… Alors, s’il y a des mécontents parce que le reste (logements, équipements sociaux…) ne va pas assez vite, tant pis… ».

Les chargés des publics, titulaire et stagiaire, sont à la peine. La mission est lourde : trouver un public, et ce le plus vite possible. Le modèle économique comme il est désormais « normal » de parler, comme obéissance à une norme de gestion, marchande prioritairement, est de faire de la billetterie, de louer des salles, de « privatiser » les espaces. Quelle place est-elle réservée à ce que l’on pourrait appeler un « modèle politique », celui de la démocratie culturelle et de l’exercice des droits culturels ? La réponse n’est pas simple. Ce qui est sûr c’est que Villerupt n’est pas Metz, où la chargée de publics a fait ses premières expériences de mobilisation des publics. Elle sait qu’elle doit contrecarrer les habitudes de consommation culturelle qui font rester chez eux les habitants et privilégier comme activités culturelles les sorties vers le Luxembourg. Face à cela on doit « créer des cercles vertueux », de nouvelles habitudes, les ancrer dans la vie des habitants par l’encouragement et la facilitation de nouvelles consommations qui soient aussi, en tout ou partie, basées sur de nouvelles pratiques culturelles. Mais, on n’a pas de budget pour ça, pas encore devrait-on dire, l’intention est bien là. « Il nous faudrait des aides pour financer des ateliers de pratiques. On va faire des demandes d’aides à l’action culturelle, aux départements notamment ». Mais les choses se compliquent, Villerupt et la CCPHVA sont à la jonction de trois départements, Moselle, Meurthe et Moselle, Meuse, mais ce n’est pas un avantage, au contraire semble-t-il. Pour programmer les spectacles, les artistes, il nous faut payer la régie, la technique, la sécurité (jusqu’à douze agents par soirée) des salles et des parkings, le ménage, les assurances.  « Sans avoir d’aide à ce sujet, ce n’est pas évident ; pour que les compagnies viennent on n’a pas d’autre choix que de les faire participer au financement » ; ce n’est pas la meilleure façon de mobiliser des activités qui ont une approche culturelle plus diversifiée. En fait, nos ateliers Domozique n’ont pu être programmés que du fait du contexte particulier créé par Esch22, capitale européenne de la culture, mais en 2023, qu’en sera-t-il ?

Tout cela n’a pas encore laissé de temps pour construire des synergies et autres « cercles vertueux » avec d’autres acteurs culturels, ou socio-culturels, implantés sur le territoire. C’est dans la perspective d’apporter une contribution à cette construction, en profitant de notre extériorité au territoire, que nous nous mettons en route pour visiter ces autres acteurs. Concrètement, il s’agit d’aller les rencontrer, de mieux comprendre leurs propositions respectives, leurs attentes et leurs difficultés pour encourager les pratiques culturelles et socio-culturelles. Nous nous mettons en quête, plus qu’en mission. L’ambition n’est pas d’apporter des solutions, mais de créer des liens, de faciliter la rencontre, de partager des expériences et de contribuer à créer des milieux intermédiaires locaux susceptibles de dialoguer avec les institutions et les pouvoirs publics et économiques locaux.

Pendant que s’installe l’atelier, je me fais l’enquêteur, médiateur/inter médiateur en parcourant à pied Villerupt. Les hasards du climat font que ce parcours se fait sous la neige et se révèle assez escarpé ; rien n’est fait pour faciliter les mobilités douces, comme l’on dit désormais.  Le parcours dans Villerupt va, depuis l’Arche, vers la MJC, puis vers le nouveau bâtiment qui accueille les services de la CCPHVA et bientôt le siège de l’école intercommunale de musique, en passant par l’Hôtel de ville. Ce parcours des uns vers les autres, n’a pas encore été fait par les acteurs locaux. Tous le souhaitent, mais il faut en créer l’urgente nécessité, semble-t-il. Des questions et des approches communes devraient en ressortir pour se faciliter mutuellement les pratiques culturelles auxquelles ils ont l’ambition de contribuer.  Ce premier parcours permet d’établir le contact initial et la première rencontre qui permettra l’échéance à notre prochaine venue ; rendez-vous est pris.

Milieux Eschois

Au cours de l’atelier, des discussions s’engagent. Le contexte de programmation et d’organisation des événements liés à Esch22 a permis qui soient mises à l’agenda et prises en charge des questions au cœur des processus d’action culturelle. Participeront à notre atelier Domozique, se faisant cette fois ci, les facilitateurs pour le public des mal entendants, le chargé de la durabilité/pérennité des expériences et des pratiques émergentes et la chargée de l’accessibilité de ces expériences et pratiques à la diversité des situations et des conditions. Traiter ces questions en partageant les pratiques culturelles crée ce contexte, cet espace, convivial et apaisé, fait d’intermédiations résilientes.

Ce contexte ne nait pas de rien, il s’inscrit dans une dynamique et bénéficie d’un héritage, celui des pratiques d’occupation des friches et de la naissance de lieux intermédiaires. Le Luxembourg, plus connu comme place financière et ses banques, est cependant riche de ces expériences.

Participe à notre atelier Domozique, l’une des pionnières de ces activités culturelles, en friches. Elle est présente parce qu’entre autres contributions elle s’occupe de l’association qui a su mobiliser les mal entendants à participer à notre atelier. Elle a joué un rôle majeur dans l’émergence de ces pratiques dans les friches luxembourgeoises, dans la continuation et la sécurisation des actions culturelles, une expérience qui permet la mise en relations et aux expériences de faire milieux créatifs.

Le temps passe vite. Un premier échange est à peine ébauché. De retour sur notre territoire lillois, nous préparons de futures rencontres.

Bonjour,

Avec mes collègues de metalu.net, je voudrais tout d’abord vous remercier pour les échanges que nous avons pu avoir à l’occasion de notre atelier « Domozique », samedi dernier à Esch-sur-Alzette(Bâtiment 4).

Comme j’ai eu l’occasion de vous le dire, je suis plus particulièrement en charge de faciliter les échanges et la création de liens entre les partenaires Luxembourgeois, ceux de Villerupt et notre réseau davantage basé dans les Hauts de France et plus particulièrement dans la métropole de Lille.

Je me permets donc ce message pour vous solliciter.

Je souhaiterais prolonger notre discussion et prendre des contacts avec des personnes que je pourrais rencontrer lors de nos prochaines venues à Esch-sur-Alzette et Villerupt, éventuellement dès notre venue les vendredi 6 et samedi 7 mai prochains.

Tout d’abord, nous avons bien compris le rôle que vous jouez au sein de l’association Solidarität mit Hoergeschaedigten. Cependant nous n’avons pas eu l’opportunité de discuter de vos activités à la direction de la Miercher Kulturhaus. J’en ai eu connaissance sur le site de Réseau.lu.

Suite à notre discussion, et dans la perspective d’établissement de liens avec les différents lieux luxembourgeois, à Esch-sur-Alzette notamment, nous serions heureux de prendre les contacts que vous nous avez indiqués.

Je pense tout d’abord à Kulturfabrik ; voyez-vous quelqu’un.e que nous pourrions rencontrer, de votre part, éventuellement ? Lors de l’atelier nous avons eu la visite de Maelle Lepetit, mais peut-être pourrions-nous rencontrer René Penning, le directeur ?

Par ailleurs, samedi dernier, devant rentrer rapidement à Lille, nous n’avons pas pu aller voir les installations Metzeschmelz et rencontrer l’artiste dont le portrait était peint sur le mur derrière le Bâtiment 4. Nous comptons y aller lors de notre prochaine venue le vendredi 6 ou le samedi 7. Pourriez me dire quel est le nom de cet artiste ?

Egalement, lors de notre conversation, vous avez évoqué une personne, spécialiste des friches industrielles, et que vous m’indiquiez comme une « référence ». Comment puis-je avoir connaissance de ces travaux, voire le contacter ?

Par ailleurs, nous souhaiterions  établir des liens plus étroits entre partenaires français et partenaires luxembourgeois des lieux intermédiaires et centres/fabriques culturelles. C’est dans cette perspective que j’aimerais tisser des liens qui pourraient déboucher sur la participation de ces centres à des événements que nous préparons à Lille, mais aussi à un grand événement français (et aussi européen) auquel nous allons participer en fin d’année 2022.

Avec metalu.net (http://metalu.net/), au sein de Metalu (https://metaluachahuter.com/), nous participons à la coordination nationale des lieux intermédiaires  (http://cnlii.org/) qui prépare la tenue d’un « forum » pour la fin de l’année.

Tout n’est pas encore défini, mais ça devrait être les 25, 26 et 27 novembre, à Tours, dans un lieu qui s’appelle le 37ème parallèle (https://le37e.fr/).

Nous aimerions associer des lieux luxembourgeois à cet événement auquel va participer le réseau Trans Europe Halle. Nous nous permettrons de vous y inviter dès que le programme sera définitivement établi. Nous le ferons en lien avec  le collectif plus particulièrement chargé de cette organisation Artfactories/Autresparts (https://autresparts.org/ ).

Dans l’attente de notre prochaine rencontre, bien cordialement

metalu.net /Metalu

Des contacts des mises en relation sont à venir à l’échelle d’Esch-sur-Alzette toute entière et même du Luxembourg, avec des lieux intermédiaires, mais aussi des cafés, dans une tradition des cafés « culturels ». Des rendez-vous sont très vite pris pour notre prochaine venue à Esch-sur-Alzette en mai.