Les technologies numériques présentent plusieurs différences notables par rapport aux technologies antérieures (celles basées sur la science mécanique par exemple). L’équipement nécessaire est extrêmement réduit (ordinateur/fer à souder), ce qui en facilite beaucoup l’accès. Cependant les mécanismes de leur fonctionnement sont invisibles, puisque électriques, miniaturisés et complexes. Alors qu’en science mécanique tout ou presque est transparent (on peut pratiquement comprendre le fonctionnement d’une machine par la simple observation), ici l’accès à l’information est crucial pour la compréhension.
Avant l’apparition d’internet, l’information était détenue exclusivement par l’industrie ; l’individu ne pouvait y accéder que par sa formation initiale puis son intégration dans l’industrie ou l’université. Il lui était compliqué d’accéder aux connaissances théoriques, aux fiches techniques des composants électroniques (datasheets), et de s’approvisionner en composants. En matière de logiciel, même si la vocation première (et l’argument commercial) des premières générations d’ordinateurs personnels était l’apprentissage et la pratique de la programmation, il s’est avéré en pratique qu’il s’agissait en réalité d’une affaire de spécialistes.
Avec l’avènement d’internet, et la possibilité offerte à tous de publier gratuitement de l’information, nous avons pu assister au développement des logiciels libres et à la diffusion sans précédent d’ informations nécessaires au développement électro-informatique.
Tout le monde peut ainsi profiter de ces ressources (y compris l’industrie qui réduit ainsi ses coûts en réutilisant et dérivant du code et du matériel existant).
La philosophie du libre défend notre liberté d’utiliser, d’étudier, de modifier et de redistribuer. Ces libertés sont fondamentales puisque au delà de l’enrichissement de l’individu, elles favorisent la solidarité sociale à travers la coopération et le partage.
Notre entrée dans une ère numérique fait de cette philosophie le garant de notre liberté en général en remettant l’utilisateur au centre de la création collective. Des millions de personnes utilisent aujourd’hui les logiciels libres à travers le monde, et cette communauté ne fait que croître, en proposant une alternative au développement du numérique, en remettant en questions les notions de droit et de propriété des biens immatériels ainsi que les principes économiques actuels.